26 Décembre 2008, Sainte Foy, le Monal, avec Ju.

On vient de marcher une quinzainde de minutes, le vent souffle, il fait froid, très froid, et on s'élance pour le premier hors piste de la saison...

"Le départ est assez raide et la combe assez longue. Eric va se lancer en premier. Pression pour lui, mieux vaut ne pas tomber. Quelques instants de mélange d'appréhension et désir avant d''engager. On y est, un virage, deux virages, la neige est dure sur le haut, ça tape sous les skis. La pente dévale sous les carres, on lâche les watts... L'enchaînement des courbes assez tendues nous offre cette sensation de vitesse et de flottement que l'on affectionne tant. Tout ceci dans un décor proche d'un rêve. Seuls, la montagne semble nous appartenir."

31 Janvier 2009, Les Arcs, avec Ju

18h30... On arrive à la voiture après avoir tombé la Combe de l'étroit dans des conditions de neige dégueulasse les yeux qui me piquent tellement je suis cramé, avoir attendu 40 minutes à - 11°C au Pont Baudin, avoir bouclé 25 bornes en voiture aimablement ramenés par deux jeunes filles, avoir traversé Arcs 1800 à pattes skis sur le dos à la recherche de la voiture... Mais quelques heures et 1300 m plus haut, au départ de ce dernier itinéraire de la journée:

"Bénéficiant de la température clémente de l'après midi au soleil, nous avons la chance de pouvoir s'engager en plein milieu de la face, où aucune trace n'est faite, tout en bénéficiant d'une neige d'exception. Eric s'engage et déclenche des jets de poudreuse à chaque fois que ses carres mordent dans la neige. L'impression est superbe, et le ski rendu vraiment facile par la qualité de la neige...bref, magique! Il parle même de n'avoir jamais skié dans une neige aussi bonne. Légère mais pas trop non plus, elle lui permet d'exprimer toute la puissance de ses nouvelles lattes qu'il qualifiera de jouets tant elles sont facile à manoeuvrer"

Mardi 17 Février 2009, Sainte Foy Tarentaize, avec Bert

Les conditions de neige et de temps ne sont pas très bonnes, et l'on se creuse la tête pour chercher la fraiche... La fin de journée approche, la fatigue est là, le temps se bouche de plus en plus, et l'on veut de la fraiche...

Zones techniride, 3 couloirs attirent nos lattes... Aller va pour le premier. On se laisse glisser mais pas possible : vide, rocher et vide. On est bien cramés mais obligés de remonter pour attraper le deuxième. Sensiblement pareil... On est maintenant vraiment cramés, un peu marre, tant pis. On se laisse glisser, pas beaucoup mais assez pour s'apercevoir que ça ne passe pas, que la chute est interdite, et que c'est bien trop raide pour remonter sans crampons...Après 20 minutes, couché-debout dans la pente, ski gauche sur un appui bien précaire et droit dans le vide, concentration maximale, à taper comme un sourd avec mon baton sur la neige plaquée pour essayer d'augmenter la taille de cette fichue étroiture ( mes skis ne passent pas en largeur ), ça semble pouvoir enfin passer... et ça passe. Content d'avoir géré la situation, pas content d'avoir pris la mauvaise décision. Il est temps pour Bert et moi de rentrer.

"Pour terminer, un petit tour par la zone techniride, sans trop de visibilité, leur vaudra la péripétie de la journée. Une mauvaise lecture du terrain les précipite dans un étroit couloir (1m50 à tout casser) plus que pentu, plaqué...dégueulasse quoi! En plus de la difficulté de l'itinéraire, la fatigue et la météo ne jouent pas en faveur des gaziers."

Jeudi 19 Février 2009, Sainte Foy Tarentaize, le FAT au complet

Ca va maintenant faire 1h que l'on marche en direction de cette pointe de la Foglietta... J'ai chaud, celà fait un moment que je suis déjà bien entamé, quand le chemin se fait moins raide et que se dessine sous mes yeux le plus vaste spot freeride qui m'ai été donné de voir... pas de mot pour décrire cette vision, cette sensation...

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La marche est éprouvante mais le but approche. La pente s'adoucit. Soudain Ber et moi voyons Eric, parti devant, contempler le décor. Ca est, on y est! Une heure de marche en valait la peine. Magique, immense, grandiose...tout ce que vous voulez pour qualifier ce qui s'offre à nous. Au Sud tout le hors piste du Monal, éclairé de mille feux par le soleil. Au Nord, LA face de la Foglietta, celle dont on entendait parler depuis longtemps, qui nous faisait rêver aussi. Finalement, mes rêves mêmes les plus fous étaient loins de ce qui s'offre à nous. Un cirque gigantesque s'évase à nos pieds. Les possibilités de lignes sont innombrables, allant de l'Est au Nord, plus de 2000m de crêtes offrent au moins autant de départs possibles, débouchant tous au même endroit. De mes yeux je n'avait jamais vu ça! "

Le ski sera du pur bonheur dans une neige de face nord jamais vue auparavant...

24 Février 2009, Sainte Foy Tarentaize, le FAT au complet

1er des deux jours de notre trip en Tarentaize. La journée commence bien avec un superbe run dans la Pierre d'Arbine vierge de toute trace... Puis c'est la douche froide. Grosse boite dans le Monal sur un passage technique, boites dans le couloir de la croix dont une à mach 12 qui m'envoie une dizaine de mètres en aval des skis, une montée à la Foglietta des plus laborieuses, avec heureusement, bon nombre d'arrêts pour faire le point sur la météo qui nous inquiète au plus haut point. On n'y voit pas à 10m, et si ça ne se débouche pas, on risque gros à la descente. Mais on monte...

"A la moitié de l'ascension, nous sommes en proie au doute. Le ciel est de plus en plus bouché. Pas question de descendre la Foglietta dans ces conditions, encore moins par une face que nous ne connaissons pas. Nous jetons un oeil à la carte pour voir si le Monal pourrait constituer une issue. Pas évident, pas mal de barres rocheuses se trouvent sur l'itinéraire le plus simple, et par jour blanc, pas question de prendre de risque. Le soleil ne semble vraiment pas loin, nous décidons de monter jusqu'en haut. Bingo, quelques dizaines de mètres au dessus de notre arrêt, nous voilà au dessus des nuages. Splendide. Seuls les sommets émergent de cette mer ouatée, illuminée de mille feux par le soleil tombant. Eric bataille à tomber les derniers mètres de l'ascension... un jour sans pour lui...."

Finalement, la neige de rêve plein nord de la foglietta me permettra de finir la journée comme je l'ai commencée... un run que je n'oublierai pas

25 Février 2009, Les Arcs, le FAT au complet

Grosse journée en perspective. Gros engagement en perspective. aujourd'hui c'est le couloir en S, ou Valdez. La Foglietta, au détour d'un vieux ski mag de Ju m'impressionnait. Mais là, c'est du lourd, et - on ? -, je ne suis pas tranquille, comme une appréhension...

On attend la benne qui nous conduira finalement au pied de l'aiguille rouge. Ce sera Valdez. L'attente est longue, et les hauts parleurs crachent une musique pour égayer les skieurs... Et, juste avant de monter James Blunt, "Good bye my friend". .. Ju nous sort une réflexion dont il a le secret. Confirmation : ON est pas tranquilles!

La marche d'approche sera un calvaire. Merci à notre appréhension garante de concentration et efficacité, car ici, pas le droit à l'erreur!

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Ce qui nous tracasse plus, c'est la marche d'approche, qui paraît-il, est aérienne... Nous passons tout de même les filets, histoire de voir de plus près. Le début n'est pas pire, quelques traces nous ouvrent la voie. Après quelques mètres, ça se corse. Pas trop à l'aise, je demande à Eric de passer devant. Prenant sur lui, il accepte et s'engage à skis sur les carres. Une fois arrivé à un premier palier, je lui demande si on se fait mal si on tombe devant. "N'y pense même pas" me répond- t-il. Plutôt que d'être pédagogue et de nous rassurer, il pose les bases, au moins c'est clair, il va falloir être prudents et concentrés.

Derrière moi, Bertrand n'est guère plus à l'aise que moi. Et c'est après une demie heure que nous arrivons à bout de cette crète ( qui fait tout au plus 80 m de long...). Tout n'est pas terminé, il nous reste une conversion un peu risquée à faire pour prendre la direction du couloir. En soufflant un bon coup, je me lance...ouf!!! c'est passé! Rejoignant Eric en haut du couloir, nous nous accordons quelques instants avant de nous engager."

Ces moments intenses "ski" me reviennent spontanément à l'esprit à l'heure de boucler cette saison, car elle est je crois bel et bien bouclée.

Mais ils ne sont pas tout... Ils ne sont pas l'attente partagée en Seine Saint Denis de retourner en montagne, pas non plus la joie et l'excitation de nous retrouver à 5h30 pour aller chercher les sommets, ni nos échanges sur les itinéraires à choisir pour trouver la fraiche, ni la satisfaction du devoir accompli en fin de journée, ni les regards croisés avant d'engager dans la pente, ni même la plaisir de voir les amis se gaver, Ju engager comme un porc ou Bert planer sur la peuf... car tout ça a été aussi un vrai bonheur... alors vivement Las leñas

Eric