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mercredi 2 mars 2011
Après une courte nuit sur un sofa dans un coin de l'hôtel, un petit déj' local sur lequel nous nous sommes rués, et une rapide installation dans la piaule, nous décidons d'aller voir ce que donne le domaine. La fatigue du voyage se ressent, la visibilité est quasi nulle. Il neige. C'est parfait pour un décrassage en douceur, en attendant des jours meilleurs. Recherche ARVA en fin de journée, rencontre avec notre première katchapouri (galette au fromage locale), un repas vite avalé et au lit. 20h, il faut récupérer pour les jours à venir qui s'annoncent chargés.
Chargés en effet : de neige, de brouillard, de jour blanc et de pause casse croûte, plus là pour nous occuper qu'autre chose.
Il semble que notre rêve tourne au cauchemard. Les jours s'enchaînent et rien ne change. La visibilité est nulle. Nous n'avons pas même la chance de voir où nous nous trouvons, qui sont ces monstres granitiques qui nous entourent, ce qu'ils pourraient nous proposer s'ils daignaient nous offrir leurs pentes... Attente, frustration, ennui...
Dimanche, lundi, mardi. Le temps passe et toujours rien à se mettre sous la dent. Un minimum d'activité physique nous maintient en forme pour le jour où ça va percer. Le temps parait long.
Mercredi, enfin, lorsque nos yeux s'ouvrent, la lumière qui traverse le rideau semble plus intense que d'habitude. Ça y est, enfin. Le Grand Caucase nous dévoile ses charmes. Pentes longilignes, crêtes interminables, spines démesurées... Nous y sommes. Vite, le petit déj' est avalé. Aujourd'hui, casque et dorsale vont prendre l'air, enfin ! Devant le télésiège une demi heure avant son ouverture, nous n'en pouvons plus, trépignons d'impatience. Chaque pente nous interpelle, nous appelle, mais certaines semblent bien loin, inaccessibles même. Pis, on a déjà de quoi faire visiblement.
La visibilité se réduit. En espérant meilleur pour les heures à venir, nous descendons un peu plus bas. Objectif, une longue crête dominant le domaine. 30 minutes plus tard, nous sommes en haut du run, ayant eu la chance de tracer la montée.
Nous ne le savons pas encore, mais nous vivons le point culminant de notre trip au niveau ski. Une belle pente rectiligne d'un bon 400m de dénivelés. Tels deux gamins nous lâchons les freins et traçons jusqu'au bas de la pente (avec un stop dû à un joli requin pour moi, fait chier...). C'est bon ! Nous reprenons un ticket. A la montée, nous découvrons que notre projet de la journée tombe à l'eau. La face s'est délestée de son mètre de neige naturellement pour laisser apparaître la terre.
Gros avertissement pour les jours à venir. Avertissement dont nous n'aurons finalement pas besoin. Sitôt la journée finie, le ciel se bouche, le brouillard englobe les cimes et tout disparaît, sans que nous ne revoyons, de nos yeux, toutes ces immenses lignes qui nous appelaient.
Le bonheur fut éphémère. Et plutôt que de se faire du mal à tourner en rond en bas du télésiège en attendant le soleil, nous préférons mettre le cap sur la capitale, afin de profiter un peu du pays tout de même.
Certains parleront de beaucoup de kilomètres parcourus pour pas grand chose, d'autres d'argent gaspillé, de rêves infondés... Qu'importe. Malgré la déception, nous, nous gardons la conscience tranquille. La montagne, si l'on veut y évoluer en sécurité et en profiter pleinement, nécessite un grand concours de circonstances.
Faut il privilégier ces spots de rêves lorsqu'ils sont dans des conditions idéales, à des spots plus modestes mais offrant diverses possibilités de replis, avec par exemple du ski en forêt ?
Faut il s'obstiner au rendement ou s'orienter sur un freeride plus rando, négligeant la quantité pour la qualité ?
Libellés : 93 - Géorgie