samedi 28 décembre 2013

Cinq ans déjà que nous nous sommes lancés dans une pratique du ski plus axée "montagne" et "freeride"... Cinq ans durant lesquels, malgré une expérience modeste et un faible recul, nous avons eu l'occasion de voir évoluer pratiques et mentalités. En effet, évolution du matériel, marketing et voyagistes low-coast ont révolutionné l'approche du ski (hors piste) pour le meilleur... mais aussi malheureusement le pire!






"Freeride" est devenu le mot magique dans les discussions éloignées des vallées tandis que le "freerider" s'est converti en l'un des superhéros les plus enviables des temps modernes... Dès lors tandis que certains vivent de belles expériences en montagne, apprennent progressent et échangent... d'autres y importent un état d'esprit individualiste, consumériste voire exhibitionniste ( ahhh les fameuses go-pro) qui.. à tout le moins, questionne!











Deux tendances semblent s'affronter: alors que les gardiens du temple partisans du c'était mieux avant défendent chèrement ce qu'ils estiment être leur jardin, d'autres se félicitent de cette démocratisation et essayent de donner des clefs pour agir mieux! Le débat est bien là, et il suffit de relire les commentaires qu'avaient suscité la première vidéo donnant quelques clefs au grand public d'Enak dans pas mon garage saison 2 pour comprendre la croisée des chemins à laquelle nous nous trouvons!


Pas vraiment montagnards, pas vraiment expérimentés, et pas du tout dans la "gestion de l'engagement" comme nous l'avons entendu à plusieurs reprises, nous avons tâché de faire notre petit bonhomme de chemin. Doucement mais sûrement nous avons cherché à nous documenter, avons appris à demander, à écouter, à apprendre en somme. Fidèle à notre engagement des premières heures ("La sécurité tient de la superstition. Elle n'existe pas dans la Nature et aucun enfant de l'homme n'a fait l'expérience d'une totale sécurité. Eviter le danger n'est à long terme, pas plus sûr que de l'affronter en connaissance de cause. Vivre c'est tenter l'aventure, sinon ce n'est rien") nous avons progressé, et l'envie nous vient de partager... de donner ce que nous n'avons pas forcément toujours trouvé! Voici donc un petit recueil d'expérience, sous la forme d'un avant, pendant, après la journée de ski, une piqure de rappel pour nous mêmes, un petit gain d'expérience peut être pour d'autres.





AVANT : 
- Un minimum de préparation physique: elle permet dans le meilleur des cas de mieux profiter de sa journée, au pire de se sortir de situations délicates. Un doux souvenir d'une petite marche nocturne de 17h à 19h nous revient à cause d'une erreur de quelques degrés au sommet d'un run. En fin de journée, après près de 13h de ski et marche... mieux valait être en cannes pour digérer le retour station.
Course à pied, natation, vélo, renforcement musculaire, musculation, proprioception... autant d'activités source de plaisir avant tout, mais également de progrès et de sécurité...  Quelques cycles de planifications sommaires ici ou !!



- Investir dans un kit Arva-Pelle-Sonde, et aller s'entraîner à la recherche de (multi)victimes en avalanches ( casque, dorsale c'est bien aussi... )











- Glisser une couverture de survie dans le sac

- Un suivi météo des conditions: a minima sur la semaine avant de partir, suivi des températures et des tendances, des précipitations ( ISO et quantité ), du vent ( Force et orientation.. ) pas mal de site, dont Météo France Montagne, Bulletins neige et avalanche Météo France,  Snow Forecast ...

- Un petit topo sur la carte IGN de la station ne fait pas de mal

D'une manière générale traîner sur les sites internets, forums, se documenter... On trouve beaucoup d'infos intéressantes pour se former peu à peu pour développer ses connaissances ( formations ANENA... )


Avalanche : Part prévisible et imprévisible





PENDANT: 
- Une lecture sur place du bulletin météo et avalanche du jour sur le massif: Au delà de la simple prise de connaissance de l'indice de risque ( de 1 à 5 ), prendre connaissance de l'évolution générale de la journée, du risque en fonction des heures, altitudes, orientations.


- Vérifier que les Arva émettent/réceptionnent bien. Si l'on est plus de 2 dans le groupe l'un des membres passe en mode réception et s'éloigne à une vingtaine de mètres des autres membres du groupe qui se laissent successivement glisser devant lui et vont s'arrêter vingt mètres plus bas. On évite ainsi le risque de se parasiter les uns des autres.

- Au fil de la journée en se rendant sur les spots ( remontées, marche, rando courtes ) lever la tête regarder autour de soi pour comprendre ce qu'il se passe selon les pentes et orientations. c'est un moyen de s'approprier le terrain et de d'anticiper ce qu'il peut se passer là ou je vais mettre mes lattes. Par exemple, s'il fait chaud et que j'ai vu autour de moi 2 départs en pente sud, même si je vois une belle combe qui m'attire bien je vais éviter d'aller y mettre les lattes...




 - Avant de se lancer dans l'itinéraire, ne pas hésiter à passer discuter un peu avec les pisteurs. Ils connaissent le spot, suivent l'évolution des conditions et sont toujours de bon conseil!!!

 -  Savoir où l'on se situe. Sur la carte c'st déjà un bon point, mais altitude et orientation c'est mieux. Si j'ai bien lu le bulletin que je sais que c'est craignos en quart N-NE au dessus de 2 200m... mais que je ne sais pas qu'au moment de m'élancer je suis justement précisément là où il ne faudrait pas être... ça complique les choses!!


 

-  Avant de se lancer, en vrac ça vaut le coup de prendre 2 minutes pour discuter-réfléchir sur :  
le repérage des points safe d'arrêts et de regroupements  

le repérage des points de sorties possibles en cas de départ 








- Eviter de s'engager à plusieurs dans les faces ( comme ça tout le monde n'est pas pris en même temps et on peut s'organiser pour rechercher en cas de besoin )

- Suivre des yeux le rider engagé 




- Etre ouvert sur ce qui se passe autour de moi: la journée avance, les températures évoluent, le vent aussi et la neige de 9h n'est donc pas celle de 11h30 qui n'est pas celle de 13h30... Il faut essayer de comprendre ce qu'il se passe pour prendre ses décisions, et... dans le doute, s'absenir

APRES:

La journée de ski s'est terminée, mais l'envie d'en savoir un peu plus reste là...

- Se tenir au courant de ce qu'il s'est passé sur la journée dans la station et autour ( vers quelle heure, quelle altitude, quelle orientation ) peut aider à (in)valider certaines choses que l'on a pressenties ou cru comprendre durant la journée... C'est un moyen comme un autre de continuer à progresser et gagner en expérience


- Regarder le bulletin et savoir comment le spot évolue...


Voilà  tout un tas de petites informations qui peuvent aider à conduire une journée autour de la station. Piqure de rappel pour nous, petite découverte pour d'autres, ramassis d'imprécisions et d'approximations pour d'autres.. Chacun y trouvera son compte et portera son jugement!
En tous il y a ici le strict minimum, une petite base d'échanges et de progrès! 




Bon ride à tous!!!





lundi 7 janvier 2013

vendredi 6 janvier 2012

FAT News

La saison a démarré avec des conditions au top. Si la neige s'est faite attendre, elle a fini par venir emmitoufler nos sommets... et il semblerait que ce ne soit pas près de s'arrêter!

Le FAT s'est mis doucement en action... Pas de photos, juste du ski. Quelques crashs aussi!!

Pour cet hiver à venir, un petit we prévu on ne sait où fin janvier.
15 jours non stop en Tarentaise et Haute Tarentaise pour le mois de Février.
Un autre we en Mars et si possible une bonne semaine pour se régaler en Avril.

Même si le désir immédiat n'est pas à la prise de vue... nous tâcherons tout de même de ramener quelques beaux clichés afin de vous présenter au mieux nos petites aventures, qui nous guideront cette année vers le ski de rando... toujours en mode FAT évidemment!

Quelques nouveaux itinéraires présentés aussi...


mercredi 2 mars 2011

La leçon

Il est bien connu qu'aucun trip à ski ne se passe comme prévu, que toutes les conditions ne sont jamais réunies pour flirter avec ce qui pourrait s'apparenter à un rêve. Le notre de rêve, semble pourtant commencer dès que notre volatile d'acier pose ses roues sur le tarmac de l'aéroport de Tbilissi, Géorgie. Ce dernier, situé à à peine 600m d'altitude, a disparu sous une couche de neige on ne peut plus fraîche. Le forecast avait bien annoncé cette perturbation, suivie de plusieurs jours de beau temps... comment rêver mieux?
Embrumés dans la fatigue du voyage, nous gagnons péniblement Gudauri. La neige tombe à verse, l'épaisseur augmente au fil des virage. Bidzina, notre pilote, semble gagné du même mal que nous, et lutte pour maintenir le cap. Plutôt que d'écourter notre voyage, nous tentons d'engager une conversation. Après quelques phrases, nous commençons de comprendre que nous parlons à un grand nom de l'alpinisme. Ce monsieur, remplit de modestie, a simplement gravit deux fois l'Everest, six autres 8000 dont le Cho Oyu, et des tas de sommets à travers le globe. Sous ses airs de chauffeur de taxi, cet homme force le respect. Notre rêve continue donc, avec cette rencontre, riche en émotion, et qui nous prévient que là, nous venons d'entrer dans un territoire de montagnes, de grosses montagnes.

Après une courte nuit sur un sofa dans un coin de l'hôtel, un petit déj' local sur lequel nous nous sommes rués, et une rapide installation dans la piaule, nous décidons d'aller voir ce que donne le domaine. La fatigue du voyage se ressent, la visibilité est quasi nulle. Il neige. C'est parfait pour un décrassage en douceur, en attendant des jours meilleurs. Recherche ARVA en fin de journée, rencontre avec notre première katchapouri (galette au fromage locale), un repas vite avalé et au lit. 20h, il faut récupérer pour les jours à venir qui s'annoncent chargés.


Chargés en effet : de neige, de brouillard, de jour blanc et de pause casse croûte, plus là pour nous occuper qu'autre chose.





Il semble que notre rêve tourne au cauchemard. Les jours s'enchaînent et rien ne change. La visibilité est nulle. Nous n'avons pas même la chance de voir où nous nous trouvons, qui sont ces monstres granitiques qui nous entourent, ce qu'ils pourraient nous proposer s'ils daignaient nous offrir leurs pentes... Attente, frustration, ennui...




Dimanche, lundi, mardi. Le temps passe et toujours rien à se mettre sous la dent. Un minimum d'activité physique nous maintient en forme pour le jour où ça va percer. Le temps parait long.

Mercredi, enfin, lorsque nos yeux s'ouvrent, la lumière qui traverse le rideau semble plus intense que d'habitude. Ça y est, enfin. Le Grand Caucase nous dévoile ses charmes. Pentes longilignes, crêtes interminables, spines démesurées... Nous y sommes. Vite, le petit déj' est avalé. Aujourd'hui, casque et dorsale vont prendre l'air, enfin ! Devant le télésiège une demi heure avant son ouverture, nous n'en pouvons plus, trépignons d'impatience. Chaque pente nous interpelle, nous appelle, mais certaines semblent bien loin, inaccessibles même. Pis, on a déjà de quoi faire visiblement.

Les rotations s'enchaînent. Le rendement est optimal. Aucun arrêt en cours de descente. Tels des affamés, artistes de l'éphémère, nous traçons le Caucase à notre manière. Pas letempspour les photos ! La neige est d'une légèreté nouvelle pour nous. Très sèche, elle nous gratifie de runs fluides et rapides. Puis le temps se gâte. Une face, sur la droite du Mont Kudebi, qui nous attirait l'oeil depuis ce matin et dont nous avions fait l'objectif de la journée semble s'éloigner de plus en plus.

La visibilité se réduit. En espérant meilleur pour les heures à venir, nous descendons un peu plus bas. Objectif, une longue crête dominant le domaine. 30 minutes plus tard, nous sommes en haut du run, ayant eu la chance de tracer la montée.

Nous ne le savons pas encore, mais nous vivons le point culminant de notre trip au niveau ski. Une belle pente rectiligne d'un bon 400m de dénivelés. Tels deux gamins nous lâchons les freins et traçons jusqu'au bas de la pente (avec un stop dû à un joli requin pour moi, fait chier...). C'est bon ! Nous reprenons un ticket. A la montée, nous découvrons que notre projet de la journée tombe à l'eau. La face s'est délestée de son mètre de neige naturellement pour laisser apparaître la terre.

Gros avertissement pour les jours à venir. Avertissement dont nous n'aurons finalement pas besoin. Sitôt la journée finie, le ciel se bouche, le brouillard englobe les cimes et tout disparaît, sans que nous ne revoyons, de nos yeux, toutes ces immenses lignes qui nous appelaient.





Le bonheur fut éphémère. Et plutôt que de se faire du mal à tourner en rond en bas du télésiège en attendant le soleil, nous préférons mettre le cap sur la capitale, afin de profiter un peu du pays tout de même.





Certains parleront de beaucoup de kilomètres parcourus pour pas grand chose, d'autres d'argent gaspillé, de rêves infondés... Qu'importe. Malgré la déception, nous, nous gardons la conscience tranquille. La montagne, si l'on veut y évoluer en sécurité et en profiter pleinement, nécessite un grand concours de circonstances.


Cette année visiblement, où que nous soyons allés poser nos spatules, nous n'aurions pu en profiter comme nous en avions pris l'habitude lors des précédents hivers. C'est le jeu, nous en connaissions l'issue en cas de mauvaise pioche...
Nous l'acceptons. Toujours est il que ce voyage, comme tous ceux que nous avons réalisé jusqu'à présent, nous fera grandir :
Faut il privilégier ces spots de rêves lorsqu'ils sont dans des conditions idéales, à des spots plus modestes mais offrant diverses possibilités de replis, avec par exemple du ski en forêt ?
Faut il s'obstiner au rendement ou s'orienter sur un freeride plus rando, négligeant la quantité pour la qualité ?
Faut il remettre une pièce sur cette station portant les stigmates d'un pays déchiré par une guerre récente et isolée du monde ?

A toutes ces questions, nous avons eu le temps d'y réfléchir durant les 24 heures que nous avons passé, coincés à l'aéroport de Tbilissi. Des pistes se sont ouvertes... Les réponses l'hiver prochain.

dimanche 30 janvier 2011

Les Couloirs du Chardonnet se situent sur le domaine de Tignes, Secteur du Val Claret. Très facilement accessibles à pied ( moins de 10 minutes ), ils constituent deux petits runs à rotation rapide intéressants dans la mesure où ils gardent une neige fraîche de qualité longtemps après les dernière chutes du fait de leur orientation Nord.
Le premier couloir, le moins engagé, offre une pente régulière et assez raide ( 40 degrés environ ) mais sa relative largeur laisse de la place pour organiser ses courbes. Le second, à peine plus haut sur la crète, est pour sa part plus raide et moins large. Tous deux débouchent sur de larges pentes orientées Nord à Nord-Nord Est qui permettent de belles courbes ouvertes.

Fiche technique

Dénivélation: 300 m
Orientation: Nord

Temps Total: Comptez 10 minutes pour l'approche et une petite demi-heure pour la descente jusqu'au télésiège du Grand Huit avant lequel il faudra pousser une petite centaine de mètres le long du Lac du Chardonnet.

Facilité d'accès: 4/5 L'accès se réalise à partir du télésiège du Grattalu. Traverser la piste et monter droit dans la pente évidente en face.
Premier couloir plus accessible ( le plus à l'Est ): Partir rapidement en traversée à hauteur de Gazex qui se trouve sur votre droite, jusqu'à l'entrée évidente du couloir.
Attention lors de la traversée, mieux vaut s'espacer et passer un par un...

Second couloir plus engagé ( le plus à l'Ouest ): Ne pas traverser et continuer la montée jusqu'à ce que le couloir s'ouvre sur votre droite.

Difficulté technique :3,5 /5 On n'est pas ici dans du ski extrême loin de là, mais on reste dans du ski de couloir tout de même.

Pas tracés, le risque d'avalanche mis à part, ces couloirs vous offreront du bon ski. Néanmoins, facilement accessibles, surtout pour le couloir Est, l'entrée peut s'avérer difficile avec de gros escaliers.

Le Couloir Ouest est pour sa part plus ambiancé. Engagé, il méritera toute votre attention et application dans des virages plus serrés...

Difficulté Physique: 2/5 RAS! Marche d'approche rapide, itinéraire court et en bonne neige la plupart du temps, il faut juste pousser un peu en bas. La difficulté n'est pas physique ici!

Engagement:3,5/5

Deux mots clés: Raide, exposés plein nord! Inutile de faire un dessin, ces deux couloirs sont exposés au risque d'avalanche!

Une fois cette précision apportée, disons qu'à l'abri du vent, plein Nord, ces couloirs seront rarement vitrés. Ils sont de plus rectilignes, le dévissage ne vous jettera pas dans les rochers. Ces deux caractéristques autorisent les chutes. Malgré tout, pour les non avertis la raideur et l'étroitesse ont un vrai impact sur l'affectif et il faudra alors prendre sur soi et se concentrer.

vendredi 7 janvier 2011

Val d'Isère, 28 décembre 2010






Il y a des jours où l'on se dit qu'on va nourrir, qu'il ne faut pas aller rider aujourd'hui. Ce 28 décembre en était. 9h20, nous voilà enfin dans le téléphérique nous menant au sommet de Bellevarde. Accompagnes de Julien Barlet, un amis d'Eric à qui nous allons tenté de faire découvrir le freeride comme nous le concevons, nous voilà enfin en route pour les cimes.











Malgré un temps merveilleux et un froid sec, une multitude de tracas m'ont laissé dans les starting blocks. Oubli du masque à l'appart, plus de piles dans l'ARVA, et j'en passe... Bref, de quoi douter, se dire que le mauvais sort s'acharne sur nous. Mais non. A en voir le soleil éclatant qui éclaire les visages dans le téléphérique, on se dit que ce n'est peut être pas la pire journée qu'il puisse nous arriver.

Il n'a pas neigé de quelques jours, et dans une usine à ski comme Val d'Isère, il va falloir ruser pour dénicher des pentes encore vierges. D'après quelques renseignements empruntés ici ou là, nous nous dirigeons en direction du tour du Charvet. Itinéraire pas très engagé, mais donnant lieu à de superbes décors, le tout, au soleil dès le matin, ce qui pourrait nous faciliter la tâche si c'est déjà bien tracé. Après un petit quart d'heure de remontées mécaniques histoire de prendre la température, nous voilà partis pour contourner cet immense proéminence rocheuse qu'est le Charvet. Le couloir des pisteurs, plein Nord, nous a attiré l'oeil, mais Eric et Ju ne sont pas très chauds pour crapahuter une demi heure. C'est donc plein Est que nous filons. Un groupe avec un guide nous précède. Notre instinct va entrer en jeu et payer.



Contrairement à eux, nous préférons tirer un peu plus sur la gauche en traversée. A près quelques centaines de mètres, la ligne est toute tracée. L'essentiel de la combe a été ridé. Par contre, la légère épaule qui se dessine sur sa gauche est encore vierge. Quelques éperons rocheux affleurent, ce qui a sans doute eut le mérite d'en décourager certains. Pas Nous ! Et il y a de la place pour 3. En demandant gentillement l'autorisation, je m'engage le premier. La neige est excellente. Le moteur est froid mais tan pis, pas question de s'arrêter, c'est tout droit jusqu'en bas. Julien, qui n'a pas encore l'habitude des grandes envolées fera un petit arrêt intermédiaire. Quand à nous, nous le remercions de nous faire patienter. A froid, le coeur est monté a 200 pulsations/minute, les cuisses sont bleuies, mais que c'était bon.




Trois touristes en difficulté dans une petite raideur nous prennent certainement pour des fous. J'en rit tout seul. S'ils connaissaient les sensations que l'on vient de se procurer ! Après un léger passage glacé et pas très agréable, la pente s'adoucit et s'ouvre largement, nous donnant en point de mire un petit pont qu'il faudra rejoindre pour clore le run. Neige extra, pente, vitesse, soleil. La journée n'est peut être pas si mauvaise qu'on aurait pu le croire. Après avoir abattu ma seule carte de la journée avec ce bel itinéraire, je laisse Ricco nous guider. Il était là il y a 2 semaines pour la Rocker Week, il aurait repérer quelques trucs sympas à faire. Suivons le guide...

Après avoir emprunté plusieurs télésièges et autres boulevards damés tels des billards, nous voici en haut du Fornet, un satellite de la station. Objectif : les vallons éponymes. Passés sous la corde délimitant le domaine, nous voilà hors des pistes. Ah bon ? Des traces de partout, limite des bosses. Sans rien dire, je commence à grincer des dents et à perdre mon enthousiasme. Et puis, en cherchent bien, nous nous dirigeons en direction d'une crête nous permettant de basculer sur les gorges de Malpasset.
En fait, nous avions repérer cet itinéraire sur la carte, nous y voilà. Des traces partent sur la droite, mais dans l'axe de la pente, aucune. Après un rapide coup d'oeil à la carte, nous décidons d'y aller prudemment. La première pente est un peu croûtée, mais la neige reste correcte, nous poursuivons donc un peu plus loin. Je décide de me lancer prudemment afin de communiquer à la radio d'éventuels dangers. A l'abri d'un rocher, je donne le feu vert à Ju et Ricco. C'est parti. 800m de dénivelé sous nos pieds. Pas une trace, des rochers à sauter, des épaules à rider, des combes remplies de neige à se noyer dedans.
La montagne est à nous. Toute la journée, nous n'aurons qu'à nous décaler légèrement de run en run pour profiter d'une neige abondante et vierge. Ouvrant la pente chacun à notre tour, jouant de tous les reliefs, cherchant des lignes un peu plus engagées (parfois trop !). Eric ira même jusqu'à "se croire dans Star Wars" tellement que la combinaison de la solitude, de la vitesse et des obstacles nous rappellent certaines scènes du film. La pente est plein Nord, la neige ne bougera pas de la journée. Les rotations s'enchaînent assez rapidement et c'est vers 15 heures que nous abdiquerons, unanimes sur notre état de fatigue. Mais quelle journée ! Loin des quartiers huppés et tape à l'oeil de la station, nous avons pris l'option anonymat. Et nous tairons encore longtemps cet accès qui nous a permis de nous gaver comme rarement on peut le faire avec autant de facilité sur un gros domaine, sans marche, ni risques. On peut dire que Julien a été verni pour une première journée de freeride. Espérons qu'on ait pu lui transmettre le virus.

Pour résumer, c'est grâce à notre expérience grandissante de la montagne et du freeride que nous avons osé et su prendre le contre pied de tous les itinéraires formatés, des traces se rejoignant toutes dans le même goulet, de la poursuite de groupes avec guides... Eric s'en sort bien... Contre pied aussi des signes superstitieux qui auraient pu me pousser à rester au lit ce matin ! Ainsi, tout en mesurant les risques de notre engagement, nous avons pu profiter de ce que peut encore offrir la joie d'une première trace dans de telles conditions. Magique.

Secret spot, 27 décembre 2010

Seul dans ma voiture, voilà déjà une bonne vingtaine de minutes que j'attends. Comme à son habitude, Ricco accuse un bon retard sur l'heure de rendez vous. Pas des heures, mais juste assez pour me crisper un peu, en voyant les voitures et autres navettes passer devant moi en direction de la station. Circonstances atténuantes soit disant... Un accident bloque la route à l'entrée de Bourg Saint Maurice et l'obligera à ruser pour venir me retrouver. Heureusement, aujourd'hui c'est dans notre secret spot que nous avons rendez vous.
Malgré une météo incertaine, nous décidons d'aller poser une voiture de l'autre côté de la station, au cas où nous pourrions envisager des manoeuvres plus conséquentes. Hier, j'étais déjà dans les coins mais seul. Dommage, car aucun itinéraire n'était encore tracé, mais en discutant avec les pisteurs, des coulées sont parties dans les jours précédents, ce qui me conforte dans l'idée de ne pas tenter le diable. Malgré tout, profitant du grand soleil qui illumine toutes les faces environnantes, j'ai pu me mettre quelques belles lignes, avant que la fatigue accumulée pendant les fêtes n'ait raison de mon corps.

Bref aujourd'hui, il faut rentabiliser, se cramer les cuisses, et tracer autant que possible.
Après s'être équipés rapidement histoire de refaire un peu de notre retard, direction le sommet de la station. Ricco ne cache pas sa déception. Au téléphone je lui avait annoncé que la station était déserte, qu'aucun couloir n'était tracé. Mais avec ce mauvais temps, il va falloir se replier sur la fôret, où le haut semble avoir déjà été ridé. Pas grave, on commence de bien connaître le coin, on va aller explorer un peu plus loin.

La neige est aussi profonde et douce qu'hier, la visibilité en moins. Sur les premières rotations, Ricco a un peu de mal à trouver ses marques, mais une fois que les moteurs sont chauds, tout s'enchaine. La neige, se met à tomber, ce qui nous excite encore plus. Les lignes choisies sont de plus en plus joueuses. Nous n'hésitons pas à nous mettre quelques jolis vols, sauter de petites barres dans la continuité de nos lignes. Révolue l'époque ou nous nous arretions à chaque rotation pour faire des photos, désormais, on enchaîne tels des morts de faim, gardant la session images pour la fin de journée lorsque la jauge est au rouge.
Du coup, c'est pas loin de 7000 m de dénivelés que nous nous enfilons dans la journée, sans passer plus de 2 fois dans nos traces et avec un seul arrêt aux stands. Et si la fatigue se fit ressentir assez tôt dans la journée, chacun de nous eut son moment d'euphorie pour remotiver son accolyte et repartir pour un tour.
Lors du soit disans dernier run, sur le chemin de traverse qui nous ramène sur le domaine, je repère une ligne qui s'ouvre dans la fôret de connifères de plus en plus dense. Du coup nous voilà repartis pour un tour, cette fois ci jusqu'en bas de la station. La neige est tombée en abondance, ce qui nous permet de descendre assez bas, avant de tomber sur ce qui semble être un chemin de raquettes. La nuit commence à tomber, les bois s'assombrissent.
Trempés jusqu'aux os d'avoir rider cette épaisse chute de neige toute la journée, nous rions tels deux gosses de notre perdition. Il y a seulement deux ans de cela, nous aurions sans doute été pris de panique. Aujourd'hui, connaissant la station par coeur, nous rentrons bien sagement à la voiture, les cuisses vides mais encore grandis par cette expérience qui nous a permis de découvrir une partie encore inexplorée de la fôret profonde de notre secret spot, sans avoir croisé personne de la journée. Ce soir, c'est direction Val d'Isère, où la météo s'annonce beaucoup plus clémente pour demain.

 

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