vendredi 7 janvier 2011

Une histoire de contre-pieds

Val d'Isère, 28 décembre 2010






Il y a des jours où l'on se dit qu'on va nourrir, qu'il ne faut pas aller rider aujourd'hui. Ce 28 décembre en était. 9h20, nous voilà enfin dans le téléphérique nous menant au sommet de Bellevarde. Accompagnes de Julien Barlet, un amis d'Eric à qui nous allons tenté de faire découvrir le freeride comme nous le concevons, nous voilà enfin en route pour les cimes.











Malgré un temps merveilleux et un froid sec, une multitude de tracas m'ont laissé dans les starting blocks. Oubli du masque à l'appart, plus de piles dans l'ARVA, et j'en passe... Bref, de quoi douter, se dire que le mauvais sort s'acharne sur nous. Mais non. A en voir le soleil éclatant qui éclaire les visages dans le téléphérique, on se dit que ce n'est peut être pas la pire journée qu'il puisse nous arriver.

Il n'a pas neigé de quelques jours, et dans une usine à ski comme Val d'Isère, il va falloir ruser pour dénicher des pentes encore vierges. D'après quelques renseignements empruntés ici ou là, nous nous dirigeons en direction du tour du Charvet. Itinéraire pas très engagé, mais donnant lieu à de superbes décors, le tout, au soleil dès le matin, ce qui pourrait nous faciliter la tâche si c'est déjà bien tracé. Après un petit quart d'heure de remontées mécaniques histoire de prendre la température, nous voilà partis pour contourner cet immense proéminence rocheuse qu'est le Charvet. Le couloir des pisteurs, plein Nord, nous a attiré l'oeil, mais Eric et Ju ne sont pas très chauds pour crapahuter une demi heure. C'est donc plein Est que nous filons. Un groupe avec un guide nous précède. Notre instinct va entrer en jeu et payer.



Contrairement à eux, nous préférons tirer un peu plus sur la gauche en traversée. A près quelques centaines de mètres, la ligne est toute tracée. L'essentiel de la combe a été ridé. Par contre, la légère épaule qui se dessine sur sa gauche est encore vierge. Quelques éperons rocheux affleurent, ce qui a sans doute eut le mérite d'en décourager certains. Pas Nous ! Et il y a de la place pour 3. En demandant gentillement l'autorisation, je m'engage le premier. La neige est excellente. Le moteur est froid mais tan pis, pas question de s'arrêter, c'est tout droit jusqu'en bas. Julien, qui n'a pas encore l'habitude des grandes envolées fera un petit arrêt intermédiaire. Quand à nous, nous le remercions de nous faire patienter. A froid, le coeur est monté a 200 pulsations/minute, les cuisses sont bleuies, mais que c'était bon.




Trois touristes en difficulté dans une petite raideur nous prennent certainement pour des fous. J'en rit tout seul. S'ils connaissaient les sensations que l'on vient de se procurer ! Après un léger passage glacé et pas très agréable, la pente s'adoucit et s'ouvre largement, nous donnant en point de mire un petit pont qu'il faudra rejoindre pour clore le run. Neige extra, pente, vitesse, soleil. La journée n'est peut être pas si mauvaise qu'on aurait pu le croire. Après avoir abattu ma seule carte de la journée avec ce bel itinéraire, je laisse Ricco nous guider. Il était là il y a 2 semaines pour la Rocker Week, il aurait repérer quelques trucs sympas à faire. Suivons le guide...

Après avoir emprunté plusieurs télésièges et autres boulevards damés tels des billards, nous voici en haut du Fornet, un satellite de la station. Objectif : les vallons éponymes. Passés sous la corde délimitant le domaine, nous voilà hors des pistes. Ah bon ? Des traces de partout, limite des bosses. Sans rien dire, je commence à grincer des dents et à perdre mon enthousiasme. Et puis, en cherchent bien, nous nous dirigeons en direction d'une crête nous permettant de basculer sur les gorges de Malpasset.
En fait, nous avions repérer cet itinéraire sur la carte, nous y voilà. Des traces partent sur la droite, mais dans l'axe de la pente, aucune. Après un rapide coup d'oeil à la carte, nous décidons d'y aller prudemment. La première pente est un peu croûtée, mais la neige reste correcte, nous poursuivons donc un peu plus loin. Je décide de me lancer prudemment afin de communiquer à la radio d'éventuels dangers. A l'abri d'un rocher, je donne le feu vert à Ju et Ricco. C'est parti. 800m de dénivelé sous nos pieds. Pas une trace, des rochers à sauter, des épaules à rider, des combes remplies de neige à se noyer dedans.
La montagne est à nous. Toute la journée, nous n'aurons qu'à nous décaler légèrement de run en run pour profiter d'une neige abondante et vierge. Ouvrant la pente chacun à notre tour, jouant de tous les reliefs, cherchant des lignes un peu plus engagées (parfois trop !). Eric ira même jusqu'à "se croire dans Star Wars" tellement que la combinaison de la solitude, de la vitesse et des obstacles nous rappellent certaines scènes du film. La pente est plein Nord, la neige ne bougera pas de la journée. Les rotations s'enchaînent assez rapidement et c'est vers 15 heures que nous abdiquerons, unanimes sur notre état de fatigue. Mais quelle journée ! Loin des quartiers huppés et tape à l'oeil de la station, nous avons pris l'option anonymat. Et nous tairons encore longtemps cet accès qui nous a permis de nous gaver comme rarement on peut le faire avec autant de facilité sur un gros domaine, sans marche, ni risques. On peut dire que Julien a été verni pour une première journée de freeride. Espérons qu'on ait pu lui transmettre le virus.

Pour résumer, c'est grâce à notre expérience grandissante de la montagne et du freeride que nous avons osé et su prendre le contre pied de tous les itinéraires formatés, des traces se rejoignant toutes dans le même goulet, de la poursuite de groupes avec guides... Eric s'en sort bien... Contre pied aussi des signes superstitieux qui auraient pu me pousser à rester au lit ce matin ! Ainsi, tout en mesurant les risques de notre engagement, nous avons pu profiter de ce que peut encore offrir la joie d'une première trace dans de telles conditions. Magique.

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