mardi 3 mars 2009

Les Arcs : le test

Les Arcs, le 25 Février 2009

7h30... Le réveille sonne. Moins d'une miute plus tard je suis à la fenêtre pour ouvrir les volets, comme lors d'un premier jour de classe de neige il y a 15 ans. Soleil, pas un nuage, le froid me glace. Parfait, grosse journée en perspective.
Après un bon repas et une bonne nuit passée à l'hôtel pour récupérer de la journée d'hier à Sainte Foy, nous voilà d'attaque pour ce qui s'annonce être une journée importante de notre préparation. Pour cela, nous nous sommes donnés rendez-vous aux Arcs... Et oui, on n'innove pas trop me diriez vous, mais bon, les possibilités de freeride semblent tellement illimitées dans ces deux stations, et vu que nous commençons à bien les connaître, nous y revenons. Bref ; l'important aujourd'hui, c'est l'engagement.

Le F.A.T en plein travail... Alors, Couloir en S ou Valdez?



L'objectif de la journée est de franchir un cap au niveau du pourcentage des pentes ridées. Car si depuis le début de l'hiver, nous avons régulièrement pris des itinéraires avec des portions à 40-45°, nous ne pouvons pas encore dire que nous sommes capables de rider toute une face avec cette inclinaison. Tel est donc l'objectif de la journée.
Toutes les conditions sont réunies pour cela : neige fraîche mais d'au moins 4 jours, temps au beau fixe, pas de vent, riders en bonne condition physique, nous avons confiance en nous, mais nous ne devons jamais nous surestimer pour éviter l'accident. Au programme donc...

Un petit run dans le cirque de Fond Blanc pour se chauffer ( du raide, du plat, de la forêt...)







...suivi du "gros" de la journée, à savoir, soit le couloir Valdez, soit le couloir en S.





Nous déterminerons lequel nous allons emprunter sur place, au vu des conditions. Enfin, nous nous laissons la fin de journée pour laisser libre cours à notre imagination en fonction de l'heure de retour du deuxième itinéraire et de l'état de nos cannes. Encore une journée chargée au programme, mais bon, on commence à s'y faire, et il faudra s'y habituer pour cet été.

Le petit déj' à peine englouti, 8H45, nous voilà parti, le temps de faire quelques courses. Arrivée matinale à Arcs 1600, et déjà pas mal de monde au bas des remontées. Qu'importe, vu le programme, on ne devrait pas trouver foule...

Préparation avant une grosse journée...


Nous prenons donc le télésiège du Clocheret pour atteindre le départ de notre premier run. Avant cela, 10 petites minutes de marche nous attendent pour basculer de l'autre côté de Fond Blanc. Un moniteur et son groupe d'une dizaine de jeunes nous précède, on se dit que ça va être surtracé. Je prends les devants dans la montée, Ber et Eric restent vigilants car trouvent le chemin dangereux. Quelques minutes plus tard, nous voilà en haut. Un immense cirque se dévoile sous nos pied. Fond Blanc d'un côté, Petit Fond Blanc de l'autre et cette immense cuvette inondée par le soleil matinal. En bas au fond, le village d'Arcs 2000. Quel bonheur de se faire arroser de soleil comme ceci dès le matin!!! Ça met en forme c'est le moins qu'on puisse dire. Problème : quelle ligne choisir tant les possibilités sont nombreuses dans cet hémicycle. Ber veut se contenter de faire tirer tout droit dans la ligne de pente évidente. Quant à moi, j'ai repéré un beau couloir qui va me demander cinq minutes de marche supplémentaires, mais bon c'est assez plat...Eric monte un peu avec moi et s'élancera entre Ber et moi.

C'est d'ailleurs lui qui s'y colle en premier. La face est exposée plein Sud, mais la chaleur nous offre un petite couche souple, alors que le dessous est beaucoup plus dur. Mais bon, pas du tout tracé, même si ce n'est pas de la peuf, il y a de quoi se faire plaisir. Il s'élance tranquillement pour finir par de grosses courbes, comme il les aimes. Le replat de la cuvette permet de se lâcher un peu et de prendre pas mal de vitesse. Sans trop tarder, je m'élance pour le rejoindre. Le couloir est un peu plus raide et les craquements de la glace sous mes skis ne me rassure pas trop. J'essaie donc de ne pas trop appuyer, et sans faire attention, je prends pas mal de vitesse. Pour ne pas exploser sur le bas, je m'autorise une petite trève à mi descente, c'est la première, doucement garçon... Je rejoins Eric dans la cuvette où il fait vraiment chaud, pour attendre Ber qui ne tardera pas à nous rejoindre par un bon run de chauffe, assez rapide sur la fin. Nous terminons la descente dans une pente un peu raide à travers les sapins. Là, c'est déjà plus tracé mais tout de même agréable et idéal pour finir de s'échauffer.


Une fois, en bas, nous sommes quittes pour un bon moment de remontées, puisque notre objectif se trouve en haut de l'Aiguille Rouge. Un peu avant midi, nous y voilà ; faces à notre grand défi de la journée. Sans tarder, nous allons jeter un coup d'oeil à ce fameux couloir Valdez. D'ici, quelques rochers se trouvent au milieu, la pente est raide, il à l'air engagé c'est clair, mais rien d'affolant non plus. Surtout que, apparemment, c'est le départ le plus raide.

Ce sera donc Valdez...



Ce qui nous tracasse plus, c'est la marche d'approche, qui paraît-il, est aérienne... Nous passons tout de même les filets, histoire de voir de plus près. Le début n'est pas pire, quelques traces nous ouvrent la voie. Après quelques mètres, ça se corse. Pas trop à l'aise, je demande à Eric de passer devant. Prenant sur lui, il accepte et s'engage à skis sur les carres. Une fois arrivé à un premier palier, je lui demande si on se fait mal si on tombe devant. "N'y pense même pas" me répond- t-il. Plutôt que d'être pédagogue et de nous rassurer, il pose les bases, au moins c'est clair, il va falloir être prudents et concentrés. Derrière moi, Bertrand n'est guère plus à l'aise que moi. Et c'est après une demie heure que nous arrivons à bout de cette crète ( qui fait tout au plus 80 m de long...). Tout n'est pas terminé, il nous reste une conversion un peu risquée à faire pour prendre la direction du couloir. En soufflant un bon coup, je me lance...ouf!!! c'est passé! Rejoignant Eric en haut du couloir, nous nous accordons quelques instants avant de nous engager.














Eric y va en premier. Y a pas à dire, c'est raide, et le tube que forme le bas du couloir décuple cette impression. Mais la neige est bonne, et elle semble bien stable, heureusement... Nous avions déterminé un point d'arrêt pour nous abriter un peu. J'y rejoins Eric sans trop tarder, Ber en fait de même quelques instants après. Sur le côté droit du couloir, la neige est excellente, bien légère. A, gauche, au soleil, c'est une autre histoire. La face est beaucoup plus plaquée, on y prend facilement de la vitesse.






Bertrand trace en premier en savourant enfin ce moment de ski bien mérité. Eric le suit puis je ferme la marche. Y'a pas à dire, Valdez c'est du lourd. Personnellement, je ne regrette qu'une chose : la marche m'a vidé, du coup j'ai un peu de mal à me lâcher, ou tout du moins à poser de grands runs pour profiter pleinement de ce mythique couloir. Du coup, Bertrand s'échappe devant, passe l'étranglement du couloir et fini au taquet sur la moraine du glacier du Grand Col, ne manquant pas d'envoyer un joli saut sur une lèvre (Spine? C'est vaiment Valdez alors!!!), puis de jouer avec celle-ci tout au long de la descente. Mis à part au niveau de cet étroit passage où la neige est bien plaquée, celle-ci s'adoucit sur le bas et rend le ski des plus agréable.

Eric et moi filons en même temps rejoindre Bertrand, dans ce couloir qui s'ouvre généreusement sur le bas et permet toutes les folies. La pente reste soutenue, mais la chute est désormais autorisée, nous pouvons nous lâcher. J'arrive en bas complètement lessivé, plus par le coup de stress que m'a procuré l'approche que par le ski je pense, mais bien entamé quand même. Nous sommes tous d'accord, nous allons profiter de ce havre de paix, au pied de l'Aiguille Rouge, pour manger un morceau. Derrière nous, tous les couloirs qui viennent de l'Aiguille Rouge ou de Grand Col, face à nous, Sainte Foy Tarentaise, où nous pouvons admirer les couloirs ridés les jours précédents. Sans trop tarder, nous rejoignons Villaroger, en commençant par une bonne partie au pied des Grandes Pentes dans une neige certes, bien tracée, mais encore légère et agréable à skier; et en terminant, malheureusement, comme d'habitude, dans la galère de la forêt de Villaroger, plus que tracée...


Nous voilà au télésiège du Replat, 2000m sous notre départ. Pas de gardes, l'amende de 138 euros sera une nouvelle fois évitée, impeccable!!! Une longue remontée nous attend pour remonter à hauteur d'Arcs 2000. Pour l'heure, nous n'avons pas décidé de la suite à donner à cette belle journée. Pourtant, nous sommes tous les 3 d'accord, il faudrait éviter de trop marcher, car nous sommes déjà bien entamés et l'heure a tourné. Du télésiège, on remarque avec surprise que le hors piste des paravalanches n'est pas trop tracé. Il est entièrement à l'ombre, sauf sur le haut et la neige semble légère.



C'est parti. En haut des Drossets, on se rééquipe rapidement et après une bonne prise d'élan pour la traversée menant à l'itinéraire, nous voici de nouveau hors des sentiers battus. La pente n'est pas très forte mais la neige froide et excellente. Cette face est réputée pour son caractère très avalancheux, mais vu le nombre de paravalanches, nous ne craignons pas grand chose. Et pourtant. En voulant s'amuser sur un monticule pour faire quelques photos, les passages appuyés d'Eric et moi même ne manqueront pas de faire craquer la neige et de créer une belle fissure, heureusement sans conséquence vu le peu de pente. Prudence donc ! C'est par un slalom improvisé entre sapins et barrières métalliques que nous rejoignons la pente ramenant aux pistes de Vilaroger. Les conditions sont excellentes et tout nous semble facile après les raideurs de Valdez ; du coup on se lâche pas mal pour ce que l'on croît être le dernier run.





Une fois en haut, deux solutions s'offrent à nous pour rejoindre Comborcière puis Arcs 1600 : Soit une piste bleue pour un décrassage rapide, sachant qu'elle est beaucoup fréquentée donc dangereuse, soit un dernier petit run dans les sapins pour terminer par une piste noire. La deuxième option sera la bonne. Nous avalons avec joie cette jolie pente parsemée de sapins et bien ensoleillée malgré le soleil tombant. Le plaisir est là et le ski me parait vraiment simple dans ces conditions. Et c'est en me remémorant tous les merveilleux moments de ces deux jours que j'apprécie encore plus. Sourire aux lèvres, nous regagnons la remontée pour retourner sur Arcs 1600 par la forêt de Malgovert.

Ce week end, à l'image de Bert, on s'est gavés!!!


Cette fois ça y est, c'est la fin. Une nouvelle journée passée aux Arcs et encore que de nouvelles choses découvertes. Le temps de se rappeler quelques souvenirs d'il y a quelques années déjà, où, parcourant Malgovert ou l'actuelle piste du Lac, j'avais l'impression de faire des choses exceptionnelles et de connaître la station comme ma poche... Rêves d'enfance sûrement puisqu'à l'heure actuelle, je me demande si j'aurai assez de ma vie pour en faire le tour. Chaque chose en son temps me diriez vous. Toujours est-il que je suis plus que satisfait de découvrir ces montagnes au compte-gouttes, ou plutôt, disons au rythme que nous impose notre vie professionnelle et privée. Mais si tout ceci est une contrainte évidente à notre pratique, cela ne contribue-t-il pas à décupler notre bonheur une fois sur les lattes ? J'en suis convaincu et accepte mon sort, désormais conscient, face à des expériences comme celles d'aujourd'hui, qu'il ne faudra pas tenter l'impossible par rapport à notre niveau, mais que ceci ne nous empêchera pas non plus de prendre toujours plus de plaisir.

Ju

1 commentaires:

Thibaut a dit…

Merci pour la qualité de votre article à la fois instructif (de bons conseils) et bien écrit.
Une journée à faire un jour comme aujourd'hui où a lieu en même lieu (fond blanc) le Red bull Linacatcher
Bon ride et soyez prudents!

 

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