jeudi 11 mars 2010

Arolla, pour un ski pur...

Septième jour, déjà. Dans notre microcosme de nomades, le temps semblait comme arrêté. Pourtant, il va falloir en profiter pleinement aujourd’hui car demain, tout ceci sera du passé. Voilà maintenant trois jours que l’on n’a pas pu profiter de la lumière du soleil pour agrandir un peu les courbes. Mais ce matin, il semble que le ciel soit avec nous. Dès notre réveil, une éparse masse brumeuse bouche l’entrée du Val d’Hérens, mais en quelques heures, seuls les plus courageux nuages demeurent accrochés aux hauts sommets avoisinants. Nous roulons lentement, en direction d’Arolla, en quête du Graal pour terminer notre trip en beauté.


Dans la facilité, nous aurions pu nous contenter d’Evolène, vu que nous n’y sommes jamais allés par beau temps. Par curiosité, nous abattons quelques kilomètres supplémentaires pour atteindre le fond de la vallée et prendre un peu d’altitude pour un vrai bol d’air pur. Arolla, pour faire simple, c’est Chamonix il y a cent ans. Un fond de vallée, surplombé par des faces majestueuses (dont la Nord du Pigne d’Arolla, 3796m), entouré par des glaciers venants de toute part… Bref, ici c’est ambiance haute montagne. La première remontée, exclusivement faite d’une succession de tire-fesses (trois des quatre que compte la station), sera là pour me le rappeler. Le visage tuméfié par le froid (un bon -14°C sans le vent), je ne peux que rester ébahi devant ce qui s’offre à moi.


Plus l’on monte et plus j’ai l’impression d’être encore dans mon duvet : le rêve de tout freerider. De larges faces, des couloirs, des barres, du dénivelé et d’énormes quantités de neige… Tout y passe. Seul petit bémol, tout ceci semble un peu loin, voire inaccessible sans peau de phoque ni tondeuse. Malgré tout, avec un peu d’imagination, nous ne devrions pas nous ennuyer. Sitôt arrivés au sommet de la station, un aimable pisteur (qui a dit freerider ?) ne se fait pas prier pour nous renseigner quand à l’itinéraire de la Gouille. D’ici, nous devrions pouvoir rejoindre ce petit hameau situé 1200m plus bas.


Dans la partie haute, c’est décor de cinéma. De la neige à outrance qui vole comme plume au vent sous nos spatules, des rochers, de la pente. On a du mal y croire. Et même si quelques skieurs matinaux nous ont précédés, ce n’est pas la place qui manque pour se frayer un chemin. Malheureusement, le vent a soufflé fort dans la nuit, ce qui rentra la suite de la descente moins agréable que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Mais tout de même, quel bonheur que ce premier run. Sagement, nous retombons sur la route qui mène à la station. Vingt minutes de marche nous attendent pour la regagner.


Une formalité sous cet éclatant soleil. La première rotation bouclée, il nous reste à dresser la table pour la fin de journée. Depuis que nous sommes sortis du camping car, une face, surplombée d’un joli couloir attire mon regard. Situé en marge de ce qui semble être un téléphérique désaffecté, elle semble accessible au prix de quelques calories. En fait, son départ se situe sur l’itinéraire de randonnée qui mène au fameux Pigne d’Arolla… Sauf que nous ne sommes pas équipés pour ça ! Il va falloir ruser. Patiemment, nous gagnons le départ d’une crête longeant l’itinéraire répertorié. Sur celle-ci, la neige est soufflée. Les appuis tiennent et la montée ne devrait pas être trop fatigante. Chacun à notre manière et à notre rythme, nous gagnons peu à peu le départ du run. Le vent souffle fort. Au moment d’ôter les skis de mon sac, je me sens comme dans une centrifugeuse, tout tourbillonne ; mais un simple regard vers le décor qui m’entoure me fait oublier que j’ai les doigts glacés. En admiration devant ce spectacle, je salive déjà de skier dans un tel cadre.

Nous hésitons quand au départ du couloir que l’on avait zyeuté. Popo et moi sommes d’accord. Eric, le premier arrivé, trace et nous donne les infos par radio. Sur le haut c’est soufflé et vitré, par contre, en bas… Une pente idéale, une neige épaisse et froide, le tout avalé à une vitesse supersonique. Enfin une journée comme on les aime : un ciel bleu et glacial, un peu de marche et du grand ski. La journée se termine bientôt, nous en profitons pour gouter encore une fois à ces décors grandioses et cette excellente neige. Popo et Eric bâchent. Seul je m’en vais pour un dernier run de l’autre côté de la station histoire de signer encore une face avant de ranger les lattes pour de bon.



A mon retour, Popo et Ricco ont eu la merveilleuse idée de dresser le casse croute sur le salon de jardin du camping car. Sous la Dent Blanche et par un bon moins dix, nous savourons le dernier moment de partage de notre trip. Un vrai bonheur. L’épilogue reste à écrire, mais ça, l’accueil chaleureux que l’on devrait recevoir dans la station de Popo devrait s’en charger.

0 commentaires:

 

blogger templates | Make Money Online