mardi 19 janvier 2010

Retour aux grands espaces

Sainte Foy, Acte 2




Depuis le début de la saison, la météo n'est pas vraiment avec nous. Certes, vous avez le droit de dire que nous sommes difficiles. Mais si ces énormes masses de neige nous régalent en fôret, le manque de visibilité dont nous héritons depuis le début de l'hiver ou presque, commence de nous rendre claustrophobes. Aujourd'hui, enfin, le ciel en a décidé autrement. Quoi de mieux, alors, qu'une station comme Sainte Foy, pour tracer sa ligne dans les faces vierges ou presque, toute la journée.



Ce matin est le dernier de cette trilogie ; il n'aurait même pas du exister, mais bon, nous sommes bel et bien là, alors profitons en. L'ouverture des volets me laisse rêveur. Blotti dans mon lit, j'observe le jour se lever. A travers les vitres je ressens le froid laissé par une nuit claire dans l'obscurité du matin. Un réveil comme je les aime, l'esprit déjà animé par les possibilités de lignes qui nous attendent.



9 heures pétantes, nous sommes dans le télésiège. Les jambes se souviennent de leurs efforts de la veille et semblent un peu raides. La première remontée, dans l'ombre, nous incite à aller voir ailleurs. Un versant ensoleillé serait pas mal pour débuter la journée. Le Monal par la Pierre d'Arbine semble être le bon choix pour se chauffer et faire enfin découvrir à notre chère amie, pourquoi nous venons ici, loin des usines à skieurs que sont Tignes, Val d'Isère et compagnie.
La petite centaine de mètres d'ascension pour atteindre le départ lui donnera le ton : des immensités immaculés, des faces de toutes inclinaisons, de toutes orientations. Au loin ; des 4000, des glaciers, et surtout... personne. Après avoir pris le temps de nous équiper, de choisir chacun notre ligne, c'est enfin parti pour une vraie journée freeride, comme on les aime. Du haut, on ne voit pas le départ à cause de la pente. Impressionnant selon Pauline.




Chacun notre tour, après un virage d'observation, nous coupons les freins et rejoignons le bas de ce premier run en 3 courbes. Bon, mais pas assez long. Profitant d'un doux soleil matinal, nous repartons en direction du village du Monal. Traversant des plaines enneigées, jouant avec de petits rochers, nous avons l'honneur et le plaisir d'ouvrir l'itinéraire, le tout dans une neige très froide et bien glissante. Dans le bas d'une combe, un chamois nous surveille avant de filer tel un équilibriste sur les rochers. La descente est un régal, l'arrivée ensoleillée dans le village une véritable récompense. Quelle vue ! Au pied du Mont Pourri, chaque nouvelle venue ici nous fait son effet. Tranquillement, nous clôturons la boucle pour regagner la station, impatients de retrouver les sensations du premier run, mais sur plus de 3 courbes.





Pour cela, direction le petit col. Situé à une vingtaine de minutes du sommet des remontées, l'entrée de ce couloir est déjà tracée. En revanche, après le deuxième virage, de grands espaces vierges s'offrent à nous. Skis sur le dos, nous voilà repartis pour la deuxième rotation de la journée. Finalement pas trop entamés physiquement, nous avalons les 200 mètres de dénivelé à allure régulière pour gagner l'entrée du paradis. Un par un, nous traçons notre ligne, selon notre humeur, notre inspiration. Ricco choisira une option tout terrain avec un départ plus engagé. La neige, légère et régulière de haut en bas, gicle sous nos appuis et nous offre enfin la possibilité d'atteindre de grandes vitesses.




Premières sensations vraiment freeride pour Pauline : Trop bon dira-t-elle. Non pardon, trop trop bon!! Idem pour nous, la découverte en moins, mais quand même... Les sapins et les pillows ont du bon, c'est vrai. C'est drôle, ludique, technique... Mais rien ne vaut de grandes courbes de cochons!!! Les cuisses brûlées et remplies de lactate, nous regagnons le télésiège du col de l'Aiguille (en attendant Ricco qui s'est laissé allé sur la piste) pour tirer des plans sur la fin de la journée.




Unanimement, nous optons pour la pointe de la Foglietta. Déjà entammés physiquement, nous préférons monter un peu plus tôt, tranquillement, pour profiter à fond du run. La marche est longue. Nous prenons le soin de nous mettre à l'aise avant de l'entamer. Popo donne le rythme, et après une heure de marche régulière nous atteignons la crête sommitale. Magnifique. Pas un nuage à l'horizon, la vue à 360° est comme d'habitude époustouflante. La face est restée à l'ombre, d'énormes quantités de neige s'y sont accumulés, la corniche atteint les deux mètres d'épaisseur par endroits.




Pauline doute quant à la qualité de la neige en voyant des traces dans le départ. Pour la rassurer nous lui conseillons de descendre par l'autre côté, ça en fera plus pour nous. Gentlemen, Popo ayant marché devant, nous lui laissons tracer la première. D'une traite, Mademoiselle tombe les 800m de la première face, finissant par un bon straight sur la fin. "Dommage, elle n'a pas profité de la fin" me fait remarqué un skieur de randonnée. T'inquiètes, on n'est pas là pour faire des dessins pensais-je dans ma tête. Eric la suivra de près, mais une pause à mi pente lui sera inévitable. Dommage, mais bon quand même.








Ayant pour la première fois la possibilité de se lâcher vraiment dans cette pente; puisque nous la connaissons et qu'il fait très beau, je ne me fait pas prié. J'engage droit dans la pente, avant d'aller mordre à gauche puis à droite de la trace principale. Énormes sensations de vitesse. Euphoriques, nous jetons un coup d'oeil au travail effectué. Trop beau, trop bon, trop grandiose...mais ce n'est pas fini. Le petit étranglement rocheux est un peu tracé sur le haut mais il s'ouvre vite et nous offre une nouvelle fois la possibilité de laisser notre signature à l'écart des autres.
Sur une pente un peu plus douce, mais en ayant accumulé de la vitesse de puis le haut, nous avons la joie de nous laisser glisser à notre gré, dans cette immensité montagneuse, de nouvelles images plein la tête. L'esprit tellement libre, Eric en oubliera de traverser au niveau du pont, ce qui lui offrira dix minutes de marches supplémentaires pour nous rejoindre. L'heure presse, il semblerait que la navette passe dans dix minutes. Nous avalons donc le petit boarder cross forestier à toute vitesse, les muscles des cuisses bleuis par l'effort. Raté!!!
Le bus ne passe que dans une heure. N'ayant pas très envie d'attendre dans le froid et peut être plus très lucides en fin de journée, nous prenons la décision de regagner Sainte Foy à pied, ce qui nous coûtera 45 minutes de marche...pour rien, puisque la navette pour la station nous rejoindra quelques instants après.

Ce petit trip se termine donc comme à chaque fin de journée depuis le début : galère !!!...mais heureux. Sourires aux lèvres, nous grimpons dans la navette où la chaleur et les virages n'auront pas de peine à nous bercer.

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